Miettes de solitude

Tu émiettes ta solitude aux confins de l'indolence
et tu arrives à te porter à cheval sur des silences,
Tu as le mal de terre quand tous les mots se font rares,
tu te fermes, tu te refermes, on voit tes yeux qui s'écrasent
Et tu parques tes douceurs dans des salles à demi froides
où s'entassent des fantômes pour qui tu joues de la guitare
Et les minutes s'espacent comme des heures fourvoyées
qui s'émiettent et se prélassent à la barbe des copains
Tous ces copains qui épluchent des rêves en forme de poires
sur des marmites crépies par des fumées immorales
Et j'entre dans tes cheveux par le verrou de la porte
qui me faisait des grands signes en signe de prologue
Et tu m'appelles à l'amour comme on appelle à la vie,
et tu refermes ta bouche sur ma peau qui se mûrit
Et les odeurs s'installent comme des vagues marines,
qui nous frôlent et nous séparent de nos pudeurs maladives
Et tes ongles qui labourent ma peau en raz-de-marée,
et ton sexe qui appelle dans ses forêts inondées
Quand la folie peut atteindre ces rivages méconnus,
et qui fait qu'à chaque fois
Je perds la vie... et toi la vue...
Môrice Bénin, "Miettes de solitude".