La voyante

Publié le par Arcadia


Dans le miroir des songes anciens, elle regarde un rêve inachevé.

Elle se retourne. Sur la table, des mots inaboutis, pages fracassées contre l'écorce de l'esprit. Son esprit.

Un bruit lointain accroche un fragment de sa conscience. Elle se dresse, prête à l'éveil, déjoue le prisme du miroir et des mots, parvient à la lumière. Le bruit continue, lance son appel, happe sa parole.

Elle suit son mouvement mélodieux, répond à son silence impérieux. Le long de chemins si souvent parcourus, elle se prend à recevoir en elle le chant de la terre et il lui semble soudain découvrir ce qu'elle avait jusqu'alors ignoré. La beauté de l'amer.

Le vent dans les nuages pénètre ses membres, le soleil descend dans ses veines, les herbes tissent des lianes fugaces entre ses pas. Et elle avance dans le bruit imperceptible de tout ce qui était quotidien. En elle tout à coup l'usuel s'est fait mirage.


La voyante en elle ressucitée libère sa semence.

Alors l'amour de la terre la cueille, amour de la mer. Le sac et le ressac de ses pensées ricoche le long des falaises. Son âme résonne sur la pierre, se grave un instant dans les interstices de l'immuable.

Pétrifiée dans l'écho lointain d'un navire en partance, elle sourit à se dire que l'éphémère n'est jamais qu'éternité pour qui sait percer l'instant et en boire la splendeur.

La terre, amante de la mer, l'a avalée, fruit miraculeux d'une aurore stérile.








Publié dans Paroles non dites

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